21 bd du 8 mai 1945 - 06730 Saint-André de la Roche
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L’importance de la charte du 9 décembre 999

En 999, Saint-André est un poste militaire romain, entouré d’un domaine agricole dénommé « la Roche ».

À cette époque, la Provence et la région de Nice vivent une période troublée.

Non loin de Nice, Miron et son épouse Odile possède un fief près de Cimiez, riche d’une villa, une vaste ferme entourée de terres. Le lieu a pour nom Roc Saint-André.

Miron et Odile décident de rédiger leur testament et n’oublient pas dans leur succession de se montrer généreux envers le monastère voisin, qui recevra à leur mort « le quart du domaine que l’on appelle Roc Saint-André ».  Il s’agit, dans l’Histoire, de la première mention officielle du domaine qui deviendra Saint-André de la Roche, village plus que millénaire du comté de Nice…

 

charte 999

Voici le texte intégral, traduit du latin, de ce document :

L’autorité ecclésiastique demande et la loi romaine impose que, quiconque veut transférer son bien à un pouvoir (destinataire) quel qu’il soit, établisse cela par testament afin que soit assurée la perpétuité et la certitude de la donation au cours du temps.

Aussi moi Miro et mon épouse Odile, comptant de concert sur la miséricorde de Dieu et sur l’éternelle rétribution acquise par le Christ, craignant le jour du jugement et voulant mériter d’entendre la voix de Notre Seigneur Jésus Christ qui dira « Venez les bénis de mon Père, recevez le royaume qui a été préparé pour vous depuis l’origine du monde » et pour que Saint-Pierre qui a le pouvoir de lier et de délier les âmes nous absolve des liens de tous nos pêchés, par amour et par crainte, nous donnons au Seigneur Dieu et au saint monastère qui fut édifié en l’honneur de saint Pons martyr par le pieux Charles, roi des Francs et patrice des Romains, dans ce comté de Nice, près du lieu nommé Cimiez, au-dessus du fleuve Paillon, nous donnons donc au dit monastère, soit aux moines qui le desservent nuit et jour, la quatrième partie du terroir que l’on nomme Rocha, avec toutes ses dépendances et ses adjacents, à savoir les terres, les champs, les forêts, les vignes, les prés, les pâturages, les arbres fruitiers et non fruitiers, les moulins, les eaux et les ruisseaux, et tout ce qui normalement appartient à ce terroir.

Ce territoire se trouve dans le comté de Nice, au-dessous du château antique dit de Revel. Nous voulons qu’à partir de ce jour et perpétuellement, tout ce que nous avons mentionné ci-dessus devienne la propriété dudit monastère, afin que les « serviteurs » de celui-ci le tiennent et le possèdent et qu’ils veuillent bien tous les jours prier le Seigneur et le supplier pour le salut de nos âmes et de celles de tous ceux qui ont la vraie foi, pour tous ceux qui craignent Dieu et aussi pour tous les bienfaiteurs.

Cette charte à but charitable a été rédigée le samedi 5 des ides de décembre (9 décembre), l’an depuis l’Incarnation de notre Seigneur Jésus Christ 999, indiction  12e, l’an 7e du règne glorieux de Rodolphe.

Fait au château de Lurs, en présence du seigneur évêque Froddonius.

Signatures de Miro et d’Odile, qui ont fait rédiger cette charte et qui ont demandé aux témoins et à leurs fils de la confirmer.

Pons, Bermond et Miro, leurs fils, témoins.

Le prêtre Lambert, témoin ; le lévite Sauveur,  témoin ; le prêtre Bermond, témoin ; Pons, témoin ; Inghilbert, témoin ; le prêtre Jean, témoin.

 

 

 

Ce don fut fait avec le consentement de Pons, Bermond et Miron, fils de cette famille bienfaitrice de l’abbaye, en présence des personnalités marquantes de la région et sous contrôle de Froddonius, évêque de Nice, dont c’est ici la seule mention de ce pontife, inconnu par ailleurs.

La charte contient la donation du quart de la Roche, sise sous l’ancien château de Revel, dont on voit encore les ruines sur le chemin de Nice à Tourrette-Levens.

L’acte, conclu au château de Lurs, dépendance de l’évêque de Sisteron, sous le règne du roi Rodolphe, fut signé par les bienfaiteurs, leurs enfants et les personnes présentes.