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Lou pais dei babi

Pourquoi « lou pais dei babi » ?

Il était de coutume jadis, dans le Comté de Nice, d’affubler chaque village d’un qualificatif de dérision. Ainsi les jeunes avaient-ils de quoi s’invectiver copieusement lors des fêtes votives estivales, les Faliconiers se faisant traiter de « mangia-céba » (mange-oignons), les Arianencs de « bétous » (boueux) et les Saint-Andréens de « Babi » (crapauds).

Lou pais dei babi : Rond point

D’où nous vient ce qualificatif peu flatteur de prime abord ?

Certainement du caractère très humide de notre vallée où, effectivement abondent les batraciens : grenouilles ou crapauds dont les chants agrémentent encore les paisibles nuits d’été. Peut-être aussi du fait du nombre important d’immigrés italiens qui repeuplèrent le centre du village après la Grande Guerre, piémontais ou toscan que les autochtones traitaient souvent de crapauds. Depuis quelques années le sobriquet infamant est devenu un titre de noblesse pour les partisans de l’identité Saint-Andréenne, « lou pàis dei babi », c’est notre pays et nous y sommes tous très attachés.
De toute façon, la science nous dit que le crapaud est un excellent père de famille, très attentionné ; de plus il vit retiré dans son coin sans faire de bruit, sans se faire remarquer, heureux quand il est caché.
N’est-ce pas là de bons adjectifs pour qualifier les habitants du Val de Banquière ?

Notons que Pierre Isnard dans l’Armanac Nissart de 1928, consacré aux sobriquets des habitants de divers villages et villes du Comté, ne cite pas la « noumenaia » Babi pour les gens de Saint-André (appellation qu’il attribue aux habitants de La Madeleine). Mais il en donne plusieurs autres : AIGAIOUS, en raison du lieu frais et humide et des nombreux ruisseaux qui descendent des collines avoisinantes. Il les nomme aussi DESTRUJA-ROCCA, les carrières ouvertes sur le territoire de la commune en étant la raison. Enfin, « les habitants de Saint-André cultivant dans leurs campagnes de nombreux sorbiers dont les fruits ont, on le sait, des vertus astringentes, on appelle ces infortunés des SCULIBA-CUOU ».
Dans les alentours immédiats, toujours pour P. Isnard, les habitants de l’Abadie supérieure sont les « STASSIONARI », le lieu étant une impasse au-delà de laquelle il est impossible d’aller. (A moins qu’il s’agisse d’un camp romain où stationnaient des troupes ? ). Les gens de l’Abadie inférieure étaient surnommés les COULOUNIE, les derniers tisserands de la région y demeurant à l’époque. (en niçois coulougna = quenouille). Enfin les habitants de l’Ariane, en raison du limon abondant, étaient les BETOUS (beta = boue). Là encore de nombreux ruisseaux, lu raiana, rendaient les lieux très humides. Et raiana a donné Ariane selon P. Isnard.

Voilà peut-être de la toponymie à faire frémir nos modernes chercheurs…