Les élèves de l’école Germaine Chemin ont récemment vécu une après-midi pas comme les autres : Michel Ocelot, auteur, dessinateur, réalisateur, est venu leur rendre visite et partager sa passion du cinéma d’animation.
Les écoliers ont fait une immersion dans l’univers charmant de Michel Ocelot. Avant sa venue, ils ont visionné quelques-uns de ses films dont Kirikou et la sorcière, Les 3 inventeurs ou encore Azur & Asmar. Le lendemain, une sortie au cinéma a été organisée afin qu’ils puissent découvrir le dernier film du réalisateur : Le Pharaon, le Sauvage et la Princesse.
L’artiste a répondu aux nombreuses questions des journalistes en herbe.
Il vous faut combien de temps pour réaliser un film ?
En moyenne il m’a fallu 6 ans pour réaliser mes longs métrages comme Kirikou ou Azur & Asmar. Je crée tout : les décors, les costumes, le scénario, les dialogues… Il n’y a que la musique je ne compose pas. Je dessine, je découpe… Cela demande beaucoup de temps et de travail. Avec les technologies actuelles j’ai pu raccourcir la réalisation de mon dernier film à 3 ans. Au début il n’y a rien puis, petit à petit, le film se construit. C’est magique.
Comment faites-vous pour faire bouger vos personnages ?
Rien ne bouge au cinéma ! Le cinéma c’est une succession d’images fixes. Et image par image, je peux faire bouger les choses qui ne bougent pas. Je place le personnage puis je le photographie. Je le bouge puis je le photographie. À la fin, j’assemble toutes les images et cela crée le film.
D’où vient votre inspiration ?
Cela vient petit à petit, en réfléchissant. Je m’inspire de tout ce qui m’entoure. Tout m’intéresse. C’est beaucoup de travail et de temps. Un jour j’ai lu un conte où le personnage arrivait à faire quelque chose d’impossible. C’est impossible et pourtant il l’a fait… ! C’est une idée que je trouve sensationnelle.
Pourquoi vous créez toujours des contes ?
C’est mon langage. J’aime faire des choses belles : de beaux décors, de beaux costumes avec pleins de plumes et de bijoux. Au travers du conte, je n’ai pas de limites, je peux raconter ce que je veux et créer tout un univers. Le conte est universel, il parle aux enfants comme aux adultes. D’ailleurs au travers d’un double langage, je traite de sujets plus sérieux et j’arrive à faire pleurer les adultes d’émotion.
Est-ce que vous allez réaliser Kirikou 4 ?
Non car j’ai envie de passer à autre chose. Je ne veux pas faire encore une suite sous prétexte que cela génère de l’argent. J’ai déjà fait deux suites à Kirikou. La fin du dernier est très jolie et j’aimerais qu’elle reste figée telle quelle. J’ai d’autres projets et d’autres envies aujourd’hui.
Quel est votre film préféré ?
Je n’ai pas de film préféré. Je les aime tous. Je les ai tous souhaités. Ce sont comme mes enfants alors je les aime tous, et je n’ai honte d’aucun d’eux. Cela me fait un peu mal d’ailleurs quand on n’aime pas mes films. Il est vrai que Kirikou a changé ma vie. Grâce à lui j’ai pu réaliser d’autres projets que j’avais en tête. Le cinéma demande hélas beaucoup d’argent.
Pourquoi avez-vous choisi de devenir artiste ?
Petit, j’avais entendu parler de gens qui ne se levaient jamais le matin pour aller au bureau et qui faisaient ce qu’ils voulaient tous les jours. J’aime dessiner et faire plaisir aux gens. C’est venu très naturellement.
Combien avez-vous fait de films ?
Je ne sais plus… J’ai tourné des formats différents : des courts, des moyens et des longs métrages… Mais tout ce que je peux dire c’est que je n’ai pas fait assez de films. J’aime ce travail et tant que je pourrais créer, que continuerai à inventer des histoires.
Suite à cette interview, le réalisateur s’est envolé pour Rome, où il prépare le doublage de son dernier film en italien. Il a révélé son amour pour la culture italienne et confié aux enfants qu’il prépare actuellement un moyen métrage autour de l’univers de l’écrivain italien Italo Calvino.